Menu
Libération
Éditorial

EMPLOI: CENTRE D'APPEL. Allo! les télé-usines du tertiaire! Dans les centres d'appel (call centres) qui poussent en France, un petit boulot est devenu grand: celui de téléconseiller. Avec toutes les caractéristiques d'un métier contemporain: cadences, stress, flexibilité mais aussi avenir et formation.

Article réservé aux abonnés
publié le 18 mai 1998 à 1h35

Qui aurait dit qu'à l'heure de l'Internet, le bon vieux téléphone

serait à l'origine d'une activité prolifique: les centres d'appel. Ces plates-formes sur lesquelles des batteries de conseillers gèrent, à distance et exclusivement par téléphone, prospects ou clients se développent à toute vitesse. On y fait soit du télémarketing, soit ­ et c'est l'origine de l'essor d'aujourd'hui ­ du téléservice. Dans le premier cas, on appelle le client pour lui vendre quelque chose; dans le second, c'est le client qui appelle pour obtenir des informations ou pour acheter à distance. Même les sites commerciaux du Web se posent la question de mettre des êtres humains derrière l'écran. Vieille revanche du bipède face à la toute-puissante machine? Ou bipède transformé en machine? Cadences, parcellisation des tâches et contrôles de productivité font des téléopérateurs les ouvriers taylorisés du tertiaire. La flexibilité des horaires et des contrats de travail en fait des employés contemporains. La capacité à résister au stress est d'ailleurs l'une des vertus requises à l'embauche. Et ceci explique que le travail ait d'abord été un «boulot d'appoint» pour étudiants, que le turnover avoisine les 60%. De quoi inciter la profession à vouloir normaliser les conditions de travail des téléopérateurs. Ténor, association patronale des centres d'appel, milite pour la négociation d'une convention collective qui, selon les mots de son président Emmanuel Mignot, obligerait «le patronat à payer de vrais sala