Dublin envoyée spéciale
lls s'appellent Arnaud, Paolo ou Ingrid. Viennent de Suède, d'Allemagne, de France ou d'ailleurs. Débarqués souvent dans le sillage de l'Irlandais(e) de leur coeur, ils se sont fait très vite embaucher dans l'un des business les plus dynamiques de Dublin: le téléservice. Jeunes, multilingues, flexibles. Ces Européens de l'an 2000 collent parfaitement à la demande des multinationales qui débitent le monde en grosses tranches et choisissent souvent l'Irlande comme base de leurs opérations pour la zone «Europe, Moyen-Orient, Afrique» (lire ci-dessous). Pourquoi entretenir une filiale dans chaque pays quand les moyens de communications modernes permettent de tout faire fabrication, vente, assistance technique d'un seul et même lieu?
«Allô, je voudrais acheter un ordinateur. Pourriez-vous me renseigner sur vos produits?» Mme Michu téléphone de Sarran, Corrèze. Elle a repéré la pub de Gateway 2000, société américaine qui vend ses ordinateurs par correspondance, dans un magazine spécialisé. Elle a composé le numéro vert sans savoir qu'elle va atterrir à Dublin. Sans savoir non plus qu'elle va tomber sur Arnaud, déjà baptisé «le tueur» après neuf mois de service dans l'équipe de commerciaux de Gateway. Avec cinq rallonges de câble, il peut naviguer sur une partie du plateau sans quitter son casque téléphonique. Mais il reste le plus souvent scotché devant son ordinateur pour conserver son trophée de «meilleur vendeur du mois». Au bout d'un petit quart d'he