Du bout de la ruelle pavée, on ne voit que lui. L'immeuble de
Téléperformance, comme un paquebot ancré porte de Versailles, Paris 15e, recrache des vagues d'étudiants à intervalles réguliers. L'entreprise fête ses vingt ans cette année et se félicite de sa place de leader sur le marché du télémarketing et des téléservices. «Notre profession a longtemps souffert de l'image des cuisinistes, raconte Gwennaëlle Roussel, directrice générale, en arpentant les couloirs. Aujourd'hui, avec le développement des téléservices (conseil par téléphone), qui représentent déjà 60% de notre activité, elle acquiert ses lettres de noblesse». L'aménagement des locaux reflète le tournant amorcé au début de la décennie. Plus l'entreprise gagne de marchés, plus elle colonise les différents étages de l'immeuble qui l'abrite. Au deuxième, le télémarketing fait figure de parent pauvre. Dans un hall grisâtre, s'alignent des rangées de boxes sans confort, enfermant derrière leurs vitres des téléacteurs pendus au téléphone. Les conversations s'entrechoquent, orchestrées par des superviseurs-bateleurs, le tapage est insupportable. Pendant les pauses, les étudiants s'agglutinent dans les escaliers, gobelet et cigarette à la main. Ambiance cafète proche de celle d'une fac. Ils sont vacataires employés à la journée, connaissent des cadences dignes du travail à la chaîne et un turnover qui atteint 70%. En mars dernier, pour la première fois, les téléacteurs se sont mis en grève. Une heure et demie de «délogag