Deux heures pour «vendre» une ville de sept millions d'âmes et sa
centaine de conglomérats industriels à des entrepreneurs français, c'est un peu court. Surtout quand ce genre de mission impossible démarre à 20 heures, une veille de long week-end ensoleillé, dans un restaurant du quartier chinois de Paris. Mais Mu Suixin, maire de Shenyang, n'a pas l'éternité devant lui pour sauver sa ville du désastre. Plus que partout ailleurs en Chine, la mutation des gigantesques entreprises d'Etat risque de provoquer une explosion sociale dans l'ancienne Mukden, très éphémère capitale d'un royaume mandchou au XVIIe siècle et lieu de résidence du dernier empereur. Avec une partie de son état-major et quelques représentants des conglomérats, Mu Suixin a donc entrepris une tournée européenne pour trouver des capitaux, de la technologie et des conseils en gestion. Londres fin avril, l'Allemagne début mai, Paris le 7 mai.
L'urgence explique sans doute le caractère inédit et improvisé de la démarche. Ville choyée par le pouvoir central pendant des décennies, Shenyang n'est plus que la capitale d'une province le Lioaning sinistrée. Dans cette «Ruhr chinoise» s'entasse une bonne partie des anciens fleurons de l'industrie lourde du pays chimie, pétrochimie, sidérurgie, mines" bâtis sur le modèle soviétique. Transition. Selon les dernières consignes du Parti communiste chinois, Mu Suixin dispose de trois ans pour transformer ces mastodontes endettés, polluants, aux équipements obsolètes et