Twisteden envoyée spéciale
Une jungle de tiges blanches. Dans le village allemand de Twisteden, tout près de la frontière hollandaise, le champ d'asperges des Kempkes est devenu fou. Des bâtons blancs jaillissent à plus de 20 centimètres au-dessus des petits monticules de terre, façonnés avec soin. «D'ordinaire, on coupe les asperges juste avant qu'elles pointent la tête hors de terre, rappelle Heinz Kempkes. Dès qu'elle a vu le soleil, l'asperge tourne au violet. Elle est perdue.» Dans une Allemagne qui compte officiellement 4,4 millions de chômeurs, Heinz Kempkes n'a pas trouvé de bras pour récolter ses asperges à temps. Sur ses 6 hectares, le quart est perdu. Un manque à gagner de 20 000 à 40 000 marks (de 67 000 à 134 000 F), estime-t-il.
Le drame de Heinz Kempkes, exemplaire de celui de centaines d'autres cultivateurs allemands, s'est noué au début de l'année, lorsqu'il est allé à l'agence locale de l'emploi demander des permis de travail pour des saisonniers polonais, comme il le fait depuis le début des années 90. Le fermier voulait embaucher onze Polonais. L'agence pour l'emploi ne lui a délivré que huit permis de travail. Pour lutter contre le chômage, le gouvernement fédéral a donné pour consigne de limiter le nombre de travailleurs saisonniers est-européens, qui s'était envolé jusqu'à 200 000 l'an dernier dans toute l'Allemagne. Une directive, entrée en vigueur cette année, réduit de 15% le nombre de travailleurs étrangers autorisés par ferme, par rapport au nombr