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Libération

Polygram chez Seagram: les indépendants s'alarment. Le rachat de la maison de disques par le canadien accentue la concentration dans le secteur.

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publié le 23 mai 1998 à 1h59

Il porte des souliers en croco et rêvait de troquer ses jus de fruit

contre une place de choix dans l'industrie du spectacle, plus chic. C'est fait. Après avoir racheté en 1995 les studios de cinéma Universal au japonais Matsushita, Edgar Bronfman, le jeune héritier de l'empire canadien des vins et spiritueux Seagram, est allé au bout de sa logique en annonçant jeudi l'acquisition de la maison de disques Polygram, propriété du néerlandais Philips, pour 64 milliards de francs (Libération d'hier). Une opération qu'il compte financer en partie par la vente de sa filiale Tropicana dont il espère recueillir quelque 24 milliards de francs.

Frustration compensée. A 37 ans, ce fils de famille fasciné par Hollywood achève donc de noyer les boissons de son papa au sein d'un vaste conglomérat axé principalement sur le spectacle, aujourd'hui numéro un mondial de l'édition musicale (avec des noms prestigieux comme Deutsche Grammophon, Decca, Philips Music Group et Polydor et des voix aussi fameuses que celles de U2, Elton John ou Janet Jackson). De quoi se consoler de n'avoir jamais fait d'étincelles dans la musique durant ses années de bizutage à Broadway.

Pour le monde du disque, c'est un séisme. Dès hier, on annonçait le départ d'Alain Levy, PDG de Polygram, et du patron de la société de disques en Allemagne. Ce dernier n'accepterait pas de voir une des plus anciennes maisons au monde, Deutsche Grammophon, se faire absorber de la sorte et échapper à une direction européenne.

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