Le verrou du statut d'Aérospatiale a fini par sauter. Après de longs
mois d'atermoiements, Lionel Jospin a décidé d'ouvrir le capital de l'entreprise publique et d'envisager la cotation du titre. Les mauvaises langues diront que le gouvernement cède bel et bien aux pressions du britannique British Aerospace (BAe), de l'allemand Dasa, voire du français Dassault (tous trois privés) qui, depuis toujours, refusent d'envisager la moindre fusion avec un groupe Aérospatiale aux mains de l'Etat. Les autres diront que Lionel Jospin prend simplement la mesure des enjeux et ne fait que monter dans un train en marche: le constructeur aéronautique étant voué à devenir un groupe privé - ne serait-ce qu'en raison de la «privatisation» en cours d'Airbus, son activité phare - mieux valait enclencher le processus aujourd'hui, alors que des accords clés sont en train de se nouer en Europe. Formule alambiquée. Le Premier ministre a donc demandé au président d'Aérospatiale, Yves Michot, «de lui faire des propositions pour, en tant que de besoin, ouvrir le capital de l'entreprise et procéder à la cotation du titre», selon les termes du communiqué de Matignon. Cette formule alambiquée signifie que rien n'est encore bouclé: l'ampleur et les modalités de l'opération dépendront de l'évolution des discussions en cours avec les partenaires français et européens. Celles-ci se situent à trois niveaux: franco-françaises avec le rapprochement envisagé avec Dassault; européennes mais strictement civiles ave