Moscou, de notre correspondante.
A peine sorti de la crise des mineurs qui paralysaient le Transsibérien, le gouvernement russe a été pris hier dans une bourrasque financière. Après une nouvelle chute de la Bourse, la banque centrale a brutalement triplé ses taux d'intérêt dans un effort désespéré d'empêcher la fuite des investisseurs, les portant à 150%. Simultanément, le Premier ministre a répété qu'il n'était pas question de dévaluer le rouble. Le FMI, qui s'apprête à débloquer un prêt de 700 millions de dollars, a félicité les autorités russes «d'avoir eu le courage de prendre des mesures très dures pour résister aux pressions». Mais il n'est pas évident que toutes ces déclarations suffiront à rassurer des marchés, de plus en plus convaincus que la Russie pourrait être le prochain «marché émergent» à connaître un krach de type asiatique.
Le 19 mai, la banque centrale avait déjà fait passer à 50% ses deux principaux taux directeurs pour défendre la monnaie. Dans un premier temps, la Bourse s'était légèrement ressaisie. Ce répit a été de courte durée. Mardi soir, on apprenait que la privatisation du dernier joyau pétrolier aux mains de l'Etat, Rosneft, était un échec, aucun candidat ne s'étant porté acquéreur. Cette mauvaise nouvelle a achevé d'inquiéter les investisseurs. A 14 heures hier, le principal indice boursier accusait une chute de 12%, avant de clôturer à moins 10,5%. Si l'on ajoute la baisse de 13% de la semaine dernière, les actions russes se trouvent désormais