Autrefois, le palais Brongniart était un des rares lieux où l'on
entendait crier les riches ou les aventuriers. Des hommes en chapeau claque qui, autour d'une rambarde circulaire en cuivre la corbeille s'égosillaient en choeur: «J'ai!» «Je prends!» Au centre de la corbeille, il y avait un tas de sable dans lequel on jetait son cigare. Un jour, le sable a disparu. Puis, en 1987, ce fut la corbeille. Maintenant, ce sont les cris. Le palais Brongniart, la semaine prochaine, sera plongé dans le silence, pour la première fois depuis 1826. Au moment où la Bourse triomphe, Brongniart meurt. Le dernier qui sort éteindra la lumière.
Le voici tout seul, le vieux palais, à ressasser ses souvenirs. Désiré par Napoléon, dessiné par un architecte au nom impossible et qui ne connut pas son palais: Alexandre Théodore Brongniart mourut en 1813, avant l'achèvement des travaux. Il devait être érigé place de la Madeleine, mais on choisit finalement l'emplacement de l'ancien couvent des Filles-Saint-Thomas. Gageons que Saint-Thomas, celui qui voulait voir pour croire, n'aura pas été déçu du spectacle. Si le Panthéon, fut un cimetière, Brongniart fut une ruche. Certes, les redingotes disparurent, cédèrent la place aux chemises rayées aux manches retroussées. Mais la fièvre fut fidèle au poste: celle de l'argent.
La corbeille au musée. La ville de Paris avait financé la construction du palais. Elle en est encore la propriétaire: 15 000 mètres carrés, pile au centre de Paris! Les occupants sont le