Toulon, envoyé spécial.
Porte 190, au bout du port de Marseille, l'objet du délit ronronne en paix. Le pétrolier-ravitailleur le Var a le flanc ouvert, depuis sa collision avec le Jules-Verne lors d'un exercice militaire en janvier dernier, mais la blessure ne semble pas le faire souffrir. Le Var attend calmement que l'on veuille bien le panser, et ce n'est pas demain la veille. Dans l'intervalle, il «fait des moules», dit un leader CGT toulonnais. Se doute-t-il, dans sa grosse carcasse de fer, du symbole qu'il est devenu?
Hier encore, les syndicats de l'arsenal, conviés chez le préfet du Var à leur 34e jour de grève, ont exigé en préalable à toute discussion le retour du bateau à Toulon. «Il faut sortir de cette focalisation sur le Var», a répondu le Préfet, Hubert Fournier. Mais les syndicats n'ont pas voulu l'entendre: le Var reste un préalable. «C'est le mandat de la base», répètent-ils. «Il faut faire comprendre à la base que la mobilisation sur le Var était un moyen de poser une question plus large, rétorque le préfet. Cette question, c'est: est-ce que les bateaux vont partir de Toulon maintenant? Là-dessus, nous avons des éléments de réponse à donner, en terme de plans de charge pour 1999 et 2000.» Le tabou tombé. Le préfet n'a pas été compris. Les syndicats sont repartis, sans claquer la porte: ils sont ouverts à une discussion, «mais à un plus haut niveau», dit-on à FO. Le conflit demeure dans l'impasse, alors que les syndicats ont fait la preuve, avec une troisième