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Libération

«Je regrette presque le temps des petits boulots». Trois salariés racontent les arnaques dont ils sont victimes.

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publié le 8 juin 1998 à 5h13

Céline, 23 ans, serveuse, corvéable à merci: «Je sers des bières

dans un pub parisien jusque tard dans la nuit. Je n'ai jamais les mêmes horaires. Je peux arrêter mon service à 2 heures du matin comme à 5 heures. Quoi qu'il arrive, je perçois toujours 300 F par soir. Les heures sup, le patron parle de les payer mais rien ne vient. Il est comme ça, il ne s'embête pas. Il m'a fait signer un contrat à durée indéterminée. Sur le papier, il a marqué "temps partiel mais il n'y a pas de nombre d'heures inscrit. Il en joue, évidemment. Cet hiver, pour de sombres histoires de personnel, il m'a mise sur le carreau. Je ne travaillais plus qu'un jour par semaine au lieu de quatre. Mon salaire est tombé à 1 200 F. J'avais le moral dans les chaussettes mais j'ai rien pu faire. J'ai protesté mais il ne voulait pas me licencier. C'était ça ou démissionner, et pas de chômage derrière. Depuis, j'ai la méchante impression d'être coincée. Je suis en contrat à durée indéterminée, je suis censée être sortie d'affaire et, pourtant, je rame. Pour un peu, je regretterais l'époque des petits contrats, quand j'étais réceptionniste dans un hôtel sur la Côte ou vacataire aux impôts. J'étais là ponctuellement. Je ne représentais pas de concurrence pour les employés. Ils étaient contents du coup de main. J'étais bien payée, bien traitée. Malheureusement, on ne peut pas vivre que d'extra. C'est juste bon pour boucler les fins de mois.»

William, 24 ans, abonné aux arnaques: «Je cumule les petits boulots.