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Libération

Au siège de Microsoft, le procès intenté par la justice américaine n'entame ni le moral ni les ambitions. Les hommes de Gates ne se font pas de bile.

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publié le 15 juin 1998 à 5h45

Redmond (Washington), envoyé spécial.

C'est à se demander s'ils lisent les journaux. Le procès du ministère de la Justice américain contre Bill Gates pour violation de la législation antitrust est en couverture de tous les magazines. Mais, vue de l'intérieur de la forteresse Microsoft, cette bagarre juridique apparaît comme une parenthèse irréelle. Comme un combat virtuel lancé sur une console de jeu vidéo, sans prise véritable sur la vie quotidienne des 14 000 «Microsofties» et sur les pratiques de leur entreprise. Dans le bâtiment 19 ­ «Embauche» ­ le défilé des nouvelles recrues (entre 2 000 et 3 000 postes à pourvoir) se poursuit. Et, de l'autre côté de la route, plusieurs nouveaux immeubles sont en construction: la croissance est toujours d'actualité. Dans quelques jours, la machine commerciale tournera à plein régime avec le lancement de Windows 98, la dernière version du produit phare. Et, déjà, les énergies sont mobilisées vers la nouvelle cible: la prochaine version de Windows NT, le logiciel destiné aux serveurs des entreprises et qui ambitionne de supplanter Unix (défendu par Sun Microsystems). Pas question de raser les murs: en plus de son budget pub classique, Microsoft sera cette année le premier annonceur du réseau avec 70 millions de dollars de réclames sur le web (420 millions de francs)!

Inquiets, nous? D'un bout à l'autre du «campus» ­ une série peu imaginative de petits bâtiments aux fenêtres teintées ­ la vie continue comme si de rien n'était. Les effets