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Libération

EMPLOI: GENERATION CREATEURS. Itinéraires d'apprentis créateurs. Jamil Maleyran, le prof qui veut «reconnecter l'école avec la vraie vie».

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publié le 15 juin 1998 à 5h49

Il dit qu'il prend des leçons. Que les deux étudiants avec lesquels

il a monté Ajixim, une entreprise qui fait de l'import-export avec la Lituanie, le remettent régulièrement à sa place: «ça, c'est la théorie, en pratique, les choses ne se passent pas comme ça», lui expliquent-ils. Au début, il s'en est vexé, lui le prof, le théoricien. Aujourd'hui, il écoute et apprend. Jamil Maleyran est un enseignant en mutation, qui ne craint plus les remises en question. A 23 ans, il était normalien. «J'ai très tôt bien gagné ma vie sans prendre de risque.» A 36 ans, il découvre qu'en prendre n'est pas désagréable.

Il y a six ans, Jamil Maleyran était professeur de génie civil dans un des gros lycées techniques de Nantes. L'établissement commençait à avoir du mal à placer ses étudiants sur le marché du travail. Encouragé par la région, le lycée a créé, après le BTS et le DUT, une année d'enseignement complémentaire destinée à aiguiser la capacité d'entreprendre des élèves. Jamil en était. Baptisée Probat, ladite section a joué à fond la carte entreprise en proposant ses services aux PME de la région. «Nous avons par exemple décroché une mission d'organisation de chantier. Il s'agissait de la construction de 37 logements. Dix petites entreprises du bâtiment étaient partenaires et nous avons coordonné leurs interventions», explique le professeur Maleyran. Le contrat a rapporté 125 000 francs à l'école. L'argent a payé des stages à l'étranger et rapporté d'autres contrats, notamment en Li