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Libération

EMPLOI: GENERATION CREATEURS. «On en avait marre de l'assistanat». Espace intégration, une association de jeunes beurs lillois, soutient les projets d'entreprises.

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publié le 15 juin 1998 à 3h37

«Petit, j'étais le ministre de l'Economie de ma mère. Nous étions

dix enfants, mon père était mort et je gérais la maison comme une mini-entreprise. Il y avait très peu d'entrées d'argent mais pas mal de sorties.» Bien calé dans son fauteuil noir à haut dossier, Mustapha Saïfi, 32 ans, est le patron d'une petite entreprise de textile à la lisière de Roubaix (Nord). Son succès, il le doit à la flexibilité extrême de sa structure, qui réagit sur-le-champ à la demande du client. «Au départ, personne ne croyait à mon projet. Je cumulais tous les handicaps: jeune, sans diplôme ­ j'ai un CAP ­, aucune expérience dans un secteur déclaré sinistré, fils d'immigré.» Son petit bureau donne sur l'atelier où bourdonnent les machines à coudre. «Vingt-cinq personnes y travaillent. J'ai embauché 60% de professionnels et 40% de non- qualifiés. Nous les avons remis sur les rails en leur donnant une formation.»

La réussite de Mustapha Saïfi est exemplaire, absolument pas ordinaire. Il est le bon élève d'Espace intégration (1), association de beurs de la région lilloise qui s'est lancée dans la création d'entreprises il y a un an et demi. «On en avait marre de l'assistanat, du statu quo, de la tchatche et des promesses non tenues, explique Amo Ferhati, son responsable. L'égalité, la liberté, la fraternité ne sont que des valeurs théoriques, nous voulions agir concrètement.» Avant tout contre le chômage qui frappe massivement les jeunes issus de l'immigration (2). «Tous ceux qui viennent nous