Menu
Libération

Le yen lance un cri de détresse. Pour les Occidentaux, Tokyo doit régler seul ses problèmes.

Article réservé aux abonnés
publié le 16 juin 1998 à 3h39

Tokyo, de notre correspondante.

En comparant il y a deux mois le Premier ministre japonais au capitaine du Titanic, le quotidien conservateur Yomiuri ne croyait pas si bien dire: le yen coule, la Bourse avec, et les capitaux fuient le paquebot Japon. En baisse depuis plusieurs semaines, la monnaie japonaise s'est littéralement effondrée hier. Alors qu'il suffisait de 144,50 yens pour acheter un dollar le matin, il en fallait 145 à midi et plus de 146 dans la soirée. Déjà, certains économistes parient qu'il en faudra 180, voire 200 d'ici à la fin de l'année. Impensable. C'est le terme qu'on utilisait il y a une quinzaine de jours lorsque la rumeur laissait entendre que Washington était prêt à laisser le dollar grimper jusqu'à 150 yens" Pareille dégringolade est rarissime. D'autant que le marché yen-dollar est le plus important du monde, devant celui du dollar-mark. Cette chute de la monnaie s'est accompagnée d'une chute de la Bourse de Tokyo: l'indice Nikkei 225 a enfoncé le seuil des 15 000 points, tombant à 14 825 points, son plus bas niveau depuis la mi-janvier.

Fuite des capitaux. La chute des marchés a été entretenue par les Japonais eux-mêmes dont les capitaux fuient l'Archipel pour se diriger vers des cieux plus prospères. Au mois d'avril, les sorties «nettes» de capitaux ont atteint le record de 172 milliards de francs. Des sommes représentant, sur un mois, plus de deux fois la valeur boursière de Renault, et qui se sont placées à Wall Street ou sur les marchés européen