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Libération

Un capitalisme à l'eau de Vichy. Jean Peyrelevade dénonce la concentration des pouvoirs chez les patrons français.

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publié le 16 juin 1998 à 3h39

C'est un joli pavé que Jean Peyrelevade, président du Crédit

Lyonnais, vient d'envoyer dans la mare patronale. Dans une note de la fondation Saint-Simon (1), il s'en prend au capitalisme à la française et égratigne deux des gardiens de ce temple: Marc Viénot, ex-patron de la Société générale, dont il critique le rapport sur l'organisation des sociétés remis en 1995 au CNPF, et Ambroise Roux, figure tutélaire du patronat et président de l'Association française des entreprises privées.

Dans une démonstration ménageant suspense et provocations, il affirme que le fonctionnement actuel des sociétés françaises répond à un «Führerprinzip» hérité des années Vichy, tous les pouvoirs étant concentrés aux mains de leurs présidents. Et juge que les patrons français, derrière Roux et Viénot, entretiennent la «collusion tacite» en faveur du statu quo afin de mieux protéger leurs prérogatives.

La note, rédigée à l'issue du remue-méninge d'un petit groupe de travail, porte sur le corporate governance, une doctrine venue d'Amérique et qui vise à faciliter le contrôle des entreprises par leurs grands actionnaires, principalement les fonds de pension. Dans les pays anglo-saxons, des procédures ont été mises en place pour encadrer ce «gouvernement d'entreprise», l'idée centrale étant de séparer clairement d'un côté ceux qui dirigent (executive directors, administrateur délégué, directoire") et de l'autre ceux qui surveillent (conseil d'administration, conseil de surveillance"). Or, en France, «nou