La négociation salariale fonctionne mal dans les entreprises depuis
quelques années. Les grilles de salaires restent bloquées, les patrons rechignent à les rediscuter avec les syndicats. Ceux qui s'intéressent un tant soit peu à ces questions s'en doutaient. Mais on en a une nouvelle preuve avec l'étude sur les salariés au Smic, publiée hier par la Direction des études du ministère du Travail (1).
Relative stabilité. Cette enquête montre que, entre 1995-1997, la proportion de salariés payés au Smic est restée «pratiquement stable» (à 11%), malgré deux réévaluations importantes, en 1995 et 1997, et une modérée, en 1996. En général, un fort coup de pouce sur le salaire minimum entraîne d'abord une augmentation du nombre de smicards. Logique: ceux qui touchaient un salaire tout juste supérieur au Smic se retrouvent «absorbés» par cette hausse et deviennent de nouveaux smicards. Ensuite, pour qu'ils remontent au-dessus du salaire minimum, les grilles de rémunérations sont renégociées dans les diverses branches et les entreprises. Et la proportion de smicards par rapport à l'ensemble des salariés diminue.
Ce mécanisme fonctionne moins bien depuis quelques années. Un gros effort avait été fait au début de la décennie pour relever les minima conventionnels, dont beaucoup se situaient bien en dessous du Smic depuis des années. Mais il s'est ensablé, et le niveau du Smic a rattrapé les bas échelons des grilles salariales dans bon nombre de branches professionnelles. A 11%, la proportion