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Libération

Que fait donc Prada chez Gucci ? Sa prise de participation ressemble fort à un raid.

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publié le 18 juin 1998 à 3h50

Une bagarre de chiffonniers de luxe vient de commencer en Italie,

sous l'oeil intéressé de tous les boursiers de la planète. Mi-juin, la maison milanaise Prada annonce que, par des ramassages constants sur les marchés, elle se retrouve avec 5% du capital de sa rivale florentine Gucci. L'information n'émeut sans doute pas les adeptes du style austère de Prada, ni les naïades ayant investi dans les strings en cuir à 2 000 francs de Gucci. Mais, dans le monde des affaires, on se met immédiatement à phosphorer sur la signification de cette empoignade entre deux groupes centenaires qui ont frôlé la mort avant de renaître dans les années 90.

Le faux chevalier blanc. Cette semaine, l'intérêt est monté d'un cran: Prada a poursuivi ses emplettes et se retrouve avec 9,5% du capital de Gucci. Un investissement qui représente quelque 1,6 milliard de francs et qui en fait le premier actionnaire de Gucci. A ce tarif-là, se disent les analystes, il ne peut pas s'agir d'un simple placement spéculatif. Cette histoire prend une allure de raid hostile.

Patrizio Bertelli, administrateur délégué de Prada, s'est d'abord présenté comme une sorte de chevalier blanc susceptible d'éviter le rachat de Gucci par un prédateur étranger. «Gucci est une société au capital diffus. Moi, je possède une société privée qui ne peut être rachetée», expliquait-il à la presse italienne. La direction de Gucci s'est empressée de répliquer qu'elle n'avait sollicité aucune aide, qu'elle n'avait pas engagé la moindre discu