Menu
Libération

Cérémonie funèbre pour les 50 ans du mark. Samedi, Helmut Kohl lui a rendu un dernier hommage.

Article réservé aux abonnés
publié le 22 juin 1998 à 4h02

Francfort-sur-le-Main, envoyée spéciale.

Le deutschemark a eu droit à un enterrement très digne. Avec concertos baroques, discours laudatifs, rangées de personnalités toutes de sombre vêtues et petits fours, exactement comme si l'on prenait congé d'une personne. Dans la Paulskirche de Francfort, église symbolique en Allemagne puisqu'elle accueilli la réunion du premier Parlement démocratique du pays en 1848, la Bundesbank avait invité samedi à fêter les 50 ans du Mark. Une monnaie, introduite par les Américains le 20 juin 1948, et devenue «symbole du bien-être et de la liberté» en Allemagne, a rappelé Hans Tietmeyer, le président de la Bundesbank. Pirouette. Un millier de personnalités, banquiers, managers, hommes politiques" sont venus. Une belle cohorte de croque-morts, aurait-on dit, puisque cet anniversaire avait tout d'une cérémonie funèbre: les dirigeants qui ont encensé le mark samedi ont aussi décidé de le tuer, pour faire place à la monnaie unique européenne, dès le 1er janvier 1999.

Cette cérémonie, les conseillers du Chancelier Kohl avouaient la redouter depuis longtemps. «Il faut bien célébrer les fêtes telles qu'elles viennent» expliquait-on à la Chancellerie, reconnaissant que l'exercice serait particulièrement délicat: vanter les mérites d'une monnaie qu'on a décidé de sacrifier. Helmut Kohl s'en est sorti par une pirouette: «Je suis sur que le succès du mark va se prolonger par le succès de l'euro». Le Chancelier s'est souvenu que lui, âgé de 17 ans au moment