Mais quelle mouche a donc piqué les experts de l'Organisation de
coopération et de développement économique (OCDE)? D'ordinaire toujours prompts à défendre les théories libérales, les économistes du château de la Muette nous répétaient jusqu'ici que l'existence d'un salaire minimum était un obstacle à l'emploi. Comme des clients qui se détournent des produits trop chers, les employeurs se refuseraient à embaucher des salariés dont la productivité ne permettait pas de couvrir le coût. Pour défendre sa thèse, l'OCDE avait publié à plusieurs reprise un graphique édifiant: d'un côté la courbe ascendante du salaire minimum, de l'autre celle de l'augmentation du chômage des jeunes. Le graphique, peu commenté, apparaissait comme la preuve irréfutable que la feuille de paye des smicards est l'ennemi de l'emploi. Dosage. Sans aller jusqu'à défendre l'idée contraire, l'OCDE a singulièrement révisé son jugement sur les effets des salaires minima sur l'emploi. Ainsi, dans son rapport annuel sur les «perspectives de l'emploi», publié hier, l'OCDE écrit que «le salaire minimum n'est ni un fléau systématique pour l'emploi comme le prétendent ses détracteurs, ni la solution à la pauvreté de l'ensemble des familles». Le débat a été relancé par les observations de deux économistes américains (1), selon lesquelles «un relèvement du salaire minimum peut, dans certains cas, se traduire par des gains nets d'emplois et non par des pertes», explique Mark Keese responsable de l'étude à l'OCDE. Les r