Flint (Michigan), envoyé spécial.
Les loupiotes du Teaser's, un club de strip-tease, clignotent autour du panneau rose qui annonce en lettres noires des rabais «spéciaux pour les grévistes»: la bière pression à 2,50 dollars au lieu de 3,25. «On n'a vu personne pendant plusieurs jours. Depuis, les affaires reprennent mais ça va être dur», pronostique la serveuse du club. C'est ici l'avis général: la grève déclenchée le 11 juin dernier par les 9 200 salariés de deux usines de pièces détachées automobiles de General Motors de Flint, et qui paralyse peu à peu la production dans la plupart des usines du groupe, est bien partie pour durer. Si Flint est le berceau de General Motors (le siège est aujourd'hui à Detroit), le syndicat des ouvriers de l'automobile (United Auto Workers) est ici chez lui (une des autoroutes qui mènent à Flint s'appelle UAW Freeway). Les voitures qui passent devant le piquet de grève klaxonnent leur approbation. Et les signes de solidarité abondent en ville .
Musée. Devant l'usine, entre deux bâtiments désaffectés, un parking en friche, un salon de massage et une boutique promettant une énigmatique «cabine de bronzage», l'immeuble où se regroupent les ouvriers avant de se diriger vers les piquets de grève est un symbole des troubles persistants d'une ville qui rivalisait il y a un demi-siècle avec Detroit pour le titre de capitale mondiale de l'automobile: le sigle rouillé UAW est toujours en place, mais les locaux syndicaux, devenus trop grands et vendus lo