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Libération

Les agriculteurs impatients de récolter les fruits de l'euro. Le secteur a longtemps souffert des fluctuations monétaires.

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publié le 24 juin 1998 à 4h14

Dommartin-Lettrée (Marne), envoyée spéciale.

Le fer de lance de la future monnaie européenne, c'est eux. «L'euro, on est à fond pour», clame Pascal Prot, qui exploite 350 hectares de betteraves, luzerne et céréales diverses dans la Marne. Pour une fois, c'est promis, le monde agricole ne traînera pas des pieds, il montrera la voie. «On n'est pas contre l'Europe, on est contre les fonctionnaires de Bruxelles», précise cet agriculteur. Dans le collimateur du monde paysan: la politique agricole commune (PAC), dont la dernière réforme est en cours, et plus précisément la liberté qui serait laissée aux Etats de redistribuer une partie des subventions européennes comme ils l'entendent, au risque d'en voir certains booster telle ou telle production nationale pour la rendre plus compétitive que celle de leurs voisins. «C'est une renationalisation de la PAC, on revient trente ans en arrière», dit Pascal Prot. A contrario, le passage à l'euro lui apparaît comme un progrès. «Je ne vois pas d'agriculteurs inquiets de son arrivée. Nous, on travaille dans le cadre de la politique européenne très intégrée depuis vingt ou trente ans. On est sans doute le seul secteur de l'économie réellement européen. Pour nous, le passage à l'euro est un aboutissement logique.»

Dévaluations compétitives. Pour le monde agricole, l'instauration d'une monnaie unique présente un avantage évident: empêcher les gouvernements des onze pays appartenant à la zone euro de jouer avec leur monnaie pour abaisser le prix