Les touristes ayant quelques notions de français ont dû être un peu
surpris, hier en début d'après midi, en croisant rue de Grenelle à Paris quelques milliers de manifestants hurlant «Jospin, t'es foutu, les écureuils sont dans la rue!» Les sciuridés en question avaient fait un détour par le Cencep (Centre national des Caisses d'épargne et de prévoyance), dont ils avaient occupé pendant deux heures les jardins, au prix de quelques frottements avec la police: matraqué, un des manifestant a dû être évacué. En grève à l'appel de la CGT, du SU (Syndicat unifié) et de la CFDT, ils protestaient contre le projet du gouvernement de transformer les Caisses d'épargne en banque coopérative, sur le modèle du Crédit agricole ou des Banques populaires. Selon eux, la réforme envisagée, d'inspiration libérale, va pousser les Caisses d'épargne à rechercher la rentabilité à tout prix, au détriment des clients et des «acquis sociaux».
«Privatisation». Cette grogne sociale d'hier ne semble pas émouvoir le gouvernement. Tout en ne jurant que par le mot de «concertation», il poursuit son projet sans s'en écarter d'un pouce. Sur la base d'un rapport rédigé par le député socialiste Raymond Douyère, le ministère des Finances a présenté hier les détails de la réforme proposée. Elle sera présentée en Conseil des ministres fin juillet et soumise au vote à l'automne. Officiellement, elle vise à transformer le réseau des Caisses d'épargne en véritable groupe, beaucoup plus centralisé, ce qui lui permettrai