Françoise Mesnard, 41 ans, est depuis huit ans médecin du travail à Niort (Deux-Sèvres), où elle suit 1 800 salariés, employés dans les secteurs du transport, du commerce, de la métallurgie, du BTP, de l'artisanat" «Les gens se débattent de plus en plus entre des prescriptions contradictoires, des objectifs impossibles à tenir et les restructurations qu'on leur fait subir. A Niort, un supermarché a été vendu à une grosse enseigne de distribution. Du jour au lendemain, toute la marge d'autonomie et d'initiative qui était auparavant laissée aux salariés a disparu. Il s'en est suivi, notamment chez les cadres, des dépressions majeures et des cas relevant de la psychiatrie. Chez les caissières, les plannings ont été modulés en fonction de la fréquentation de la clientèle. Du moment où a été imposé ce temps partiel subi, j'ai recensé des lombalgies, des cervicalgies et des tendinites de l'épaule qui n'existaient pas chez les caissières employées à temps plein. Et aussi des problèmes de prise de poids, de thyroïdie, d'insomnie, de spasmophilie" Il est vrai que les femmes somatisent beaucoup plus que les hommes qui, eux, évoluent sur un mode plus violent.
J'observe aussi de plus en plus de troubles psychologiques ou de la mémoire, notamment dans l'encadrement. J'ai assisté récemment à cette scène, dans un garage: le patron demande pourquoi le châssis d'un camion n'est pas peint. Le carrossier: "Le peintre intérimaire est parti. Pourquoi est-il parti? Vous l'avez licencié la sem