Dans le Pas-de-Calais, le charbon n'est plus qu'un souvenir.
Pourtant, au nom de ce souvenir, la CGT des mineurs s'entre-déchire à l'ancienne, entre «modernistes» et «orthodoxes», avec destitutions brutales, évacuations musclées. L'affaire était jugée hier au tribunal de grande instance de Béthune.
Symbole de 1907. Le 5 mai, deux des «durs» de la Fédération CGT des sous-sols, Raymond Frackowiack et Norbert Fouquard, après avoir convoqué un congrès extraordinaire, ont décrété la destitution du président de l'Union régionale du syndicat des mineurs (URSM), Marcel Barrois, à ce poste depuis des dizaines d'années. Négligeant la décision de la fédération «un complot et un putsch comme on ne croyait plus en vivre désormais au sein de la CGT», dit-il , Barrois a décidé de rester dans la Maison du mineur, un bâtiment symbole puisqu'il a été construit en 1907, année de la catastrophe de Courrières (1 200 morts).
Quelques jours plus tard, le 11 mai, la Maison a fait l'objet d'une véritable bataille entre la poignée de fidèles de Barrois et le gros des troupes de la CGT. Accompagnés d'huissiers et d'une centaine de militants CGT mobilisés pour l'occasion, Frackowiack et Fouquard prennent possession des lieux. «Un véritable assaut», raconte Barrois. Les serrures sont changées en un tour de main, les entrées sévèrement gardées et filtrées. Les «destitués», comme ils se surnomment, sont contraints de se retrancher dans les locaux de l'imprimerie de la Tribune de la région minière, fondée