Prenez des syndicalistes routiers de plusieurs obédiences et de
quinze nationalités. Ajoutez autant de sortes de patronat. Assaisonnez de quelques conflits médiatiques, aiguillonnez à coups de mémorandum. Laissez mûrir en négociant. Au bout de dix-huit mois, vous obtiendrez (peut-être) un accord social dont l'Europe a le secret. En l'occurrence, une réglementation commune aux 3,5 millions de salariés concernés, aujourd'hui exclus de la directive de 1993 sur l'aménagement du temps de travail et qui prévoit dans toute l'Europe un temps de travail maximum limité à 48 heures. Un groupe de travail se réunit à Bruxelles; il est composé de syndicalistes de la FST, Fédération syndicale des transports (CFDT, FO et CFTC pour la France et la CGT en membre associé) et de représentants de l'International Road Union (IRU), l'organisation patronale européenne. Des règles disparates. Le processus a officiellement démarré le 15 juillet 1997: deux commissaires européens, Neil Kinnock (britannique et travailliste, Transports) et Padraig Flynn (irlandais et conservateur, affaires sociales), présentent un livre blanc dans le but de rapprocher les transports du droit commun communautaire. Rude tâche, car chaque pays a ses propres règles. La France a une durée légale du travail hebdomadaire de 39 heures. D'autres s'en remettent aux conventions collectives. L'Angleterre, elle, n'a aucune règle. La fiscalité du carburant est différente d'un pays à l'autre. Même chose pour la capacité des camions: l