Catastrophique. Inextricable. Malgré la visite des experts du Fonds
monétaire international, malgré les promesses de réformes économiques annoncées par Boris Eltsine, la Russie s'enfonce dans un cercle économique vicieux. Les investisseurs étrangers et les Russes eux-mêmes quittent la place de Moscou. Depuis quelques semaines, le spectre d'une dévaluation du rouble n'a fait qu'accélérer le mouvement du sauve-qui-peut. «Un scénario catastrophe en Russie est souvent présenté comme une conséquence de la crise asiatique. La défiance des investisseurs étrangers envers l'ensemble des pays émergents serait à l'origine d'une déstabilisation financière. Mais c'est surtout d'une faiblesse interne dont souffre la Russie», explique Nicolas Meunier, économiste à la Caisse des dépôts et consignations. Depuis près de six ans, le tableau n'est guère encourageant: le PIB russe représente aujourd'hui un peu plus de la moitié de celui de 1991! Et l'investissement à peine le cinquième. Il faut y ajouter la crise fiscale. Non seulement, les recettes fiscales fondent sous l'effet de la chute de la croissance, mais la collecte des impôts s'évapore sous la montée des combines d'une administration corrompue. Fin 1996, les recettes fiscales n'atteignaient que la moitié du montant prévu au budget. Du coup, le déficit budgétaire n'a cessé de se creuser, la croissance de reculer. «A tour de bras». En 1995, incapable de récupérer les impôts pour renflouer ses caisses, l'Etat décide d'émettre des obligatio