Après avoir traîné pendant huit ans, la restructuration des
industries de défense françaises s'emballe. A la veille du mois d'août, le gouvernement Jospin a frappé un gros coup hier en annonçant la signature d'un protocole d'accord avec Jean-Luc Lagardère en vue de fusionner les groupes Aérospatiale et Matra. Un vrai coup de théâtre. Depuis plusieurs semaines, la direction d'Aérospatiale faisait des efforts désespérés pour se rapprocher du pôle d'électronique de défense tout juste créé autour de Thomson-CSF et d'Alcatel. Mais l'Etat en a décidé autrement. Les alliances européennes savamment conclues par Lagardère ces dernières années en faisaient un partenaire incontournable pour Aérospatiale. Les puissants partenaires britannique British Aerospace (BAe) et allemand Dasa que compte le patron de Matra dans les missiles sont en effet les principaux interlocuteurs d'Aérospatiale dans l'aéronautique. Le maintien d'une rivalité tenace entre les deux groupes français devenait donc suicidaire. Et les partenaires européens de la France ne se gênaient plus ces derniers temps pour le dire tout haut et ainsi agiter le chiffon rouge. Revanche. Pour Aérospatiale, c'est une révolution. Le groupe va être purement et simplement privatisé (contrairement à ce qu'annonçait le ministre de la Défense, Alain Richard, il y a deux mois dans ces colonnes) en réponse à une exigence claire de Lagardère. Le patron de Matra a en effet toujours refusé de s'allier avec un groupe public. Au terme d'une né