Calais, envoyé spécial.
Inutile de chercher l'inscription «English spoken» dans les vitrines des boutiques de Calais. Depuis quelques années déjà, elles ont toutes disparu. Car cela va sans dire, à Calais, on parle anglais. Chaque jour, le port ferry de Calais laisse échapper plusieurs milliers de citoyens britanniques. En 1997, ils étaient 28 millions. Près d'un quart d'entre eux ne viennent que pour faire des emplettes dans les commerces de la ville, sans oublier, en bons Britanniques, d'écluser quelques chopes dans les brasseries du coin. C'est ainsi plus d'un tiers du chiffre d'affaires du commerce local qui est généré par le trafic transmanche. Et quelque 3 500 emplois. Il est alors aisé d'imaginer l'angoisse ressentie par la ville à l'idée de la disparition attendue du duty free .
Car les Calaisiens ne se font pas d'illusions: si les compagnies de ferries peuvent se permettre des tarifs aussi compétitifs pour la traversée de la Manche, jusqu'à 10 F pour un aller-retour dans la journée, c'est qu'elles réalisent plus de la moitié de leur chiffre d'affaires grâce au commerce hors taxes. Et chacun d'imaginer le pire: si le duty free est effectivement supprimé au 1er juillet 1999, marché unique européen oblige, le tarif du billet a de fortes chances de grimper. Pour Pierre Bee, le président de la chambre de commerce de Calais, l'augmentation des tarifs entraînerait une chute immédiate du trafic transmanche. «Chaque passager dépense en moyenne 700 F dans les magasins hors tax