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Libération

Histoire secrète d'une privatisation. Comment Aérospatiale est allé a Lagardère.

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publié le 27 juillet 1998 à 6h41

Il y a neuf mois, Lagardère était à terre, sonné par la perte de

Thomson-CSF. En fusionnant avec Aérospatiale, il devient l'industriel de l'armement le plus puissant de France, et entre dans le jeu d'Airbus, une des plus grandes réussites industrielles européennes. Comment le gouvernement Jospin a remis Matra dans le jeu des alliances et renforcé le pôle aéronautique français face à ses partenaires allemand et britannique sans provoquer de clash avec les ministres communistes? Récit d'un an de petites et grandes tractations.

Juin 1997, on repart à zéro. Les socialistes gagnent les législatives, Lionel Jospin s'installe à Matignon, Alain Richard au ministère de la Défense. Dans l'armement, deux dossiers brûlent: la privatisation de Thomson-CSF, mal engagée par Juppé, et la consolidation de l'industrie aéronautique française et européenne. Le britannique British Aerospace (BAe) et l'allemand Dasa menacent de fusionner dans le dos du groupe public français Aérospatiale, fragilisé par le piétinement de ses discussions avec Dassault.

Juillet 1997, cap sur Dasa. Le gouvernement abandonne la procédure de privatisation de Thomson-CSF et s'attaque à l'aéronautique. Il y a urgence. Aux Etats-Unis, un mastodonte vient de naître: Boeing-McDonnell Douglas. Les Français ont une idée: fusionner Dasa et Aérospatiale. Jürgen Schremp, le patron de Daimler-Benz (maison mère de Dasa), rêve de se recentrer sur l'automobile (il fusionnera Mercedes et Chrysler en mai 1998) et de se désengager de l'a