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Libération

Six mois cruciaux pour Airbus. Les Français craignent de perdre leur prééminence.

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publié le 27 juillet 1998 à 6h41

Comme ces vieux draps qui se trouent à quelques centimètres de

l'endroit tout juste reprisé, le paysage de l'aéronautique française s'éclaircit quand celui de l'aéronautique européenne s'obscurcit. En quelques jours, les problèmes de restructuration se sont déplacés de la France à l'Europe. La fusion Aérospatiale-Matra a été initiée par les craintes de voir British Aerospace (BAe) et Dasa s'allier sur le dos des Français. Ce risque est-il pour autant écarté? Ce n'est pas sûr. Le problème, c'est qu'il y a, derrière cette interrogation, un enjeu énorme: l'avenir d'Airbus, qui se partage désormais le marché mondial des avions commerciaux avec l'américain Boeing.

Transformation. Le consortium européen, qui réunit le français Aérospatiale (37,9%), l'allemand Dasa (37,9%, le britannique BAe (20%) et l'espagnol Casa (4,2%), est en pleine ébullition. Simple groupement d'intérêt économique (GIE), il doit être transformé d'ici à la fin de l'année en société anonyme. Pour l'instant, les statuts du groupe stipulent qu'aucun des partenaires ne peut monter ou baisser sa participation sans l'accord des autres, et que les décisions essentielles doivent être prises à l'unanimité. Mais ces statuts sont aujourd'hui remis sur la table. Et que se passerait-il si l'allemand Dasa était purement et simplement racheté par le britannique BAe, donnant à celui-ci deux tiers du capital d'Airbus? Les Français ne pourraient pas faire grand-chose. Or, ce risque existe bel et bien, pour plusieurs raisons.