On savait Bill Gates au mieux avec l'establishment français. On ne
compte plus ses visites à Jacques Chirac, ni ses rencontres avec Lionel Jospin et Dominique Strauss-Kahn. On a découvert hier que le patron de Microsoft, par ailleurs suspecté de pratiques anticoncurrentielles sur l'Internet, venait aussi pour affaire. Sa firme a en effet été choisie par le gouvernement pour être parmi les heureux élus de l'ouverture du capital de Thomson Multimédia (TMM). Microsoft, Alcatel, NEC et DirectTV vont participer à une augmentation de capital du constructeur de téléviseurs (à ne pas confondre avec sa cousine Thomson CSF, spécialiste de l'armement). Chacun pourra en acquérir 7,5%, donc pas plus de 30% à eux quatre. Selon Bercy, il s'agit de conforter l'entreprise. Celle-ci revient en effet de loin. Promise par Alain Juppé au coréen Daewoo en 1996 pour un franc symbolique (le Premier ministre avait alors eu cette phrase malheureuse: «Thomson, ça ne vaut rien»), Thomson Multimédia a depuis demandé beaucoup d'argent public. Le gouvernement socialiste a injecté pas moins de 11 milliards l'an dernier pour le sortir du trou. L'entreprise affichait 2,7 milliards de francs de pertes, réduites à 262 millions au premier semestre de 1998. Le marché de l'électronique grand public, même haut de gamme, est extrêmement cruel. La guerre des prix y fait rage: ainsi le tarif du décodeur pour réception satellite a-t-il dégringolé aux Etats-Unis de 499 à 199 dollars, en moins de six mois! Thierry Bret