Il y a plus d'un an, au tout début de la campagne des législatives,
François Hollande se risque à une timide ouverture. Dans un entretien à la Tribune, il assure certes que France Télécom restera nationalisé à 100% et que la restructuration d'Aérospatiale «doit se faire avec une majorité de capital public». Mais, évoquant les banques et les compagnies d'assurances, il ajoute: «Pour les entreprises du secteur concurrentiel, où la participation de l'Etat n'est plus nécessaire, c'est le pragmatisme qui doit nous guider.» Que n'avait-il dit là! Le jour même, il se fait remonter les bretelles par Lionel Jospin, alors patron du PS, sur le thème: «Pas de ça pendant une campagne.» Car, sur cette question, Jospin ne veut pas prendre à rebrousse-poil l'électorat de gauche en négociant un virage libéral. Obéissant, dès le lendemain, François Hollande fait marche arrière toute, remettant au goût du jour le ni-ni mitterrandien: «On ne renationalise pas, on ne privatise pas.» Un stratège chiraquien s'exclame alors: «En se braquant contre les privatisations, les socialistes ratent leur modernisation. Cela va leur faire perdre les élections.»
Depuis, quel chemin parcouru. Non seulement le PS a remporté les élections, mais, en sus, il a allègrement jeté aux orties ses préventions sur les vertus de l'entreprise privée. A la rentrée 1997, fêtant ses 100 premiers jours à Matignon, Lionel Jospin donne un dernier gage aux partisans du maintien d'un vaste secteur public c'est-à-dire, pour l'esse