Dans la querelle qui l'oppose à Bouygues, Bolloré vient d'emporter
une première bataille. A sa demande, le tribunal de commerce de Versailles a décidé, hier, la nomination de deux experts. D'ici à trois mois, ceux-ci devront dire si la procédure de vote d'une résolution anti-OPA, adoptée à l'initiative de Martin Bouygues lors de l'assemblée générale du groupe, le 10 juin, s'est déroulée dans les règles (Libération du 3 août). En l'espèce, ils devront vérifier que les bulletins de vote par correspondance, arrivés dans les délais, ont tous été pris en compte. Sans l'exprimer tout à fait, Bolloré, actionnaire à hauteur de 11% dans le groupe de BTP, a tout l'air de soupçonner la direction de Bouygues d'avoir volontairement écarté un certain nombre de bulletins opposés à la pilule anti-OPA alias «poison pill». Notamment ceux des fonds de pension américains, par nature hostiles à ce type de remède. La présomption est grave.
Ainsi nommés, les experts vont donc se rendre au siège de Bouygues où ils éplucheront les formulaires de vote par correspondance des actionnaires, interrogeront les intermédiaires bancaires et financiers et remonteront, s'il le faut, jusqu'aux expéditeurs. En principe tout fax, Chronopost ou autre pli reçu trois jours avant la date du vote doit être enregistré. L'ont-ils tous été? Bolloré semble en douter. Selon lui, plus de 770 000 droits de vote ont été écartés pour avoir été reçus moins de trois jours avant de la date de la réunion, alors même qu'ils avaient