Armando Rosales travaille à la RCA, la première maquiladora qui a vu le jour à Ciudad Juárez. Face à la ville américaine d'El Paso, cette cité est devenue la principale tête de pont économique du Mexique sur la frontière texane. Les maquiladoras sont la version latino-américaine des usines de sous-traitance qui se multiplient, mondialisation oblige, dans les pays à bas salaires, pour produire à moindre coût et exporter sur le marché international. C'est là que migrent les emplois industriels des pays «riches» frappés par la «délocalisation».
RCA a été créée en 1969, et rachetée depuis par la branche mexicaine du groupe Thomson. Armando, 34 ans, père de trois garçons, et qui habite une petite maison en dur de la «colonie» Tierra Nueva, un quartier excentré, y assemble à la chaîne des cadres de téléviseurs, à raison de 48 heures de travail par semaine. Aussi est-il médiocrement concerné par la camionnette avec haut-parleur qui perturbe son repos dominical. «Vous voyez, on n'a même plus à chercher un emploi, ils nous l'offrent!»
20 dollars la semaine. Le véhicule répète son message à chaque carrefour: «Nous recherchons des ouvrières. Bonne paye, avec soins médicaux, transports gratuits et congés annuels. La formation sera rémunérée.» Daniel Flores, de l'agence intérimaire Per-Temps, explique: «Je recrute cent personnes pour le compte de la maquiladora Epson. J'en ai embauché dix depuis ce matin. Du personnel féminin, âgé de 16 à 45 ans. Les conditions? Savoir li