Au lendemain de la dévaluation du rouble, les Russes continuaient
hier à chercher des dollars, plus par fatalisme que par panique. C'est dans le calme qu'ils faisaient la queue devant les bureaux de change, ces derniers s'octroyant des marges plus que confortables. «Ils achètent les dollars à 6,30 roubles et les vendent à 8 ou 9 roubles», constatait un observateur. De nombreux bureaux ont cessé de fournir des dollars, faute de liquidités. En province, la demande de dollars s'est calmée hier, le billet vert étant jugé hors de prix. Ouvrier philosophe. Pour la population, qui a connu bien pire l'inflation à quatre chiffres au début de la décennie , la dévaluation n'est qu'une mauvaise nouvelle de plus. Les Russes s'attendent certes à de nouvelles hausses des prix, la plupart des produits alimentaires étant importés. Mais comme le remarque avec philosophie cet ouvrier de Magadan, dans l'est de la Russie: «Des tas de gens n'ont pas été payés depuis des mois, alors le problème de savoir que faire de leurs roubles ne se pose pas vraiment.» Sur le marché officiel des changes, la monnaie est tombée à 6,88 pour 1 dollar contre 6,43 la veille, ce qui est plutôt moins que prévu, le plancher du nouveau corridor fixé lundi étant de 9,5 roubles.
L'onde de choc de la dévaluation a commencé à se propager aux autres pays de l'ancienne Union soviétique. La monnaie ukrainienne, le hryvnia, s'est affaiblie, et Kiev a annoncé qu'il envisageait d'élargir sa marge de fluctuation. Environ 40% des