«La semaine dernière, on pouvait encore espérer un peu. Mais
maintenant, c'est fini. La Russie vient de s'enfoncer dans le chaos économique. Et il faut s'attendre à des attaques de plus en plus violentes contre le rouble.» Pour ce banquier parisien, la crise financière russe tourne au cauchemar. Des conditions politiques vides de sens, un système économique et financier tombé en apoplexie, avec en prime le risque de voir une population descendre dans les rues pour exprimer son ras-le-bol: la situation russe ressemble de plus en plus à un cocktail Molotov. «Avec une mèche qui est peut-être déjà allumée», ajoute-t-il, inquiet. Hier, lorsque les banquiers occidentaux et russes ont pris connaissance des détails du plan de restructuration de la dette intérieure annoncée mardi soir par le nouveau Premier ministre, Viktor Tchernomyrdine, la tornade financière a été d'une violence sans précédent. Dès l'ouverture du marché des changes, les banques se sont ruées sur le dollar. En moins de deux heures, le rouble a perdu 5% de sa valeur en s'échangeant 8,26 roubles pour un dollar contre 7,86 roubles la veille. Paniquée, la banque centrale, seule à vendre les précieux billets verts, a suspendu les cotations entre le rouble et le dollar. Pis encore, les responsables de la Banque centrale russe ont décidé ensuite d'annuler toutes les transactions déjà enregistrées par le marché. Un geste unique dans l'histoire de la Banque centrale russe.
Affolés par une telle mesure, les Russes ont aussitôt