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Libération

Frigécrème: 384 emplois partent en fumée. Le tribunal enquête sur l'incendie de l'usine de glaces à St Herblain.

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publié le 5 septembre 1998 à 11h15

St-Herblain (Loire-Atlantique), envoyé spécial.

La pluie dégouline sur les chaînes de production calcinées, noires de suie depuis l'incendie du 9 juin. C'est fini: l'usine de glaces ne sera pas reconstruite, laissant sur le carreau 384 salariés, titulaires ­ moyenne d'âge 43 ans, vingt ans d'ancienneté et plus ­ ou saisonniers. Au lendemain de l'annonce d'un abandon du site nantais de Frigécrème par le groupe Unilever, les salariés viennent en cortège visiter leurs anciens lieux de travail. Une manif sans slogan, improvisée après la prise de parole des responsables CGT. «Après un sinistre, d'habitude, on déblaie. Au moins pour la sécurité. Ici, tout a été laissé en ruine depuis trois mois. Comme si on avait voulu nous montrer que jamais on ne reconstruirait», dit une brune, dépitée. L'incendie fatal, personne ne le croit intentionnel, mais nombreux soulignent «l'aubaine» pour le groupe Unilever: «C'est comme une étude en réel sur la suppression de l'usine et le report sur les unités de St-Dizier et d'Argentan, qui apparemment ont pu absorber le pic de la saison estivale.»

Tout leur avenir s'est effondré sous un mauvais coup de chalumeau découpant les tôles d'une ancienne chambre froide aux parois garnies de polystyrène. Le bâtiment de 5 000 m2 a été mangé par les flammes en une demi-heure! L'expert devant le tribunal de commerce n'a eu pour mission que l'évaluation des dommages, sans chercher les causes. Arguant de l'absence de mort lors du sinistre, ce tribunal s'est déclaré