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Libération

Le marin Filipe, en rade au Havre depuis deux ans. Les syndicats dénoncent les pratiques des pavillons de complaisance.

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publié le 8 septembre 1998 à 11h20

Le Havre correspondance

Les navires saisis et les équipages en rade dans les ports lointains, sans salaire ni nouvelles de l'armateur, Filipe connaît. Parti pour deux mois d'Angola prendre la relève de l'équipage du Kifangondo, au port du Havre, l'officier est toujours à bord, plus de deux ans après. Ils sont ainsi cinq marins, à attendre, oubliés sur ce cargo remorqué en janvier 1994 suite à une avarie en mer, puis bloqué pour raisons de sécurité et de nombreuses saisies à l'encontre d'Angonave, l'armement national angolais. Mis aux enchères en juin pour 1,5 million de francs, ce navire aux allures d'épave n'a pas trouvé preneur. C'est pour dénoncer «les pratiques maritimes non conformes aux normes établies et les pavillons de complaisance» que la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) vient de lancer une campagne mondiale à bord de son navire-exposition, le Global Mariner, 13 000 tonnes, battant pavillon anglais. La première escale française a eu lieu au Havre, ce week-end. A fond de cales, des images grand format de naufrages, de coques rouillées et de marins blessés. L'ITF dénonce les conditions de travail ­ non-paiement des salaires, sévices corporels, mauvaise nourriture, avaries de cargaison et matériel défectueux ­ rencontrées à bord des navires battant pavillon de complaisance. Cela fait cinquante ans que cette fédération, fondée en 1896 et regroupant aujourd'hui plus de 500 syndicats d'ouvriers du transport dans 120 pays ­ la CFDT et FO y sont af