En Chine, le nombre d'abonnés au câble a explosé de 11 à 35 millions
en cinq ans; au Brésil, il se vend plus de télés aujourd'hui que dans la plupart des pays industrialisés; les Sud-Coréens achètent deux fois plus d'ordinateurs que les Norvégiens. C'est une planète saisie par la folie consumériste que décrit le rapport 1998 publié hier à New York par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) (1). Ce rituel état des lieux de la pauvreté dans le monde ne pouvant se borner à répéter que 1,3 milliard d'êtres humains vivent avec moins d'un dollar par jour, ses auteurs explorent, cette fois, comment l'escalade de la consommation creuse l'écart entre riches et pauvres. Les achats de biens et de services à l'échelle planétaire vont culminer à 24 000 milliards de dollars en 1998, le double d'il y a 20 ans. Jamais on n'a autant consommé, mais cet emballement, loin de bénéficier au développement général, pénalise doublement les plus démunis: exclus de la corne d'abondance, 20% des Terriens ne peuvent satisfaire leurs besoins essentiels (alimentation, logement, santé, éducation) et sont les premières victimes de la pollution qu'engendre la surconsommation.
Les statistiques compilées par les experts du Pnud mettent en images le fossé Nord-Sud: les 20% d'individus vivant dans les pays les plus riches accaparent 86% de la consommation privée totale, ne laissant qu'une miette de 1,3% aux 20% vivant dans les pays les plus pauvres Quand environ 2 milliards de personnes vivent