Lionel Petitjean est directeur général du bureau d'études
sectorielles Eurostaf.
Quel bilan tirez-vous des mesures décidées par le gouvernement pour restructurer le paysage financier français?
Ce qui frappe surtout, c'est l'accélération de ce chantier. Les gouvernements précédents avaient plutôt connu des échecs ou des atermoiements. Le CIC et le GAN ont été vendus, le Crédit Lyonnais devrait suivre rapidement, la réforme des Caisses d'épargne ou de la CNP est engagée. Le paysage a donc bougé, pas forcément dans le sens prévu. Le gouvernement a par exemple privilégié le renforcement des établissements français. Les privatisations ont par ailleurs profité aux groupes mutualistes (Crédit mutuel, Groupama") qui, en rachetant le CIC et le GAN, se sont musclés.
Avez-vous l'impression d'une politique au coup par coup ou d'une stratégie cohérente?
Je ne crois pas que les groupes mutualistes aient été sciemment favorisés par le gouvernement. Ils ont été plus audacieux que les autres, voilà tout. Ils sont plus riches, et comme ils n'ont pas d'actionnaires, ils travaillent avec une stratégie de plus long terme. Ils sont donc prêts à payer le prix fort pour des acquisitions.
Ce qui me semble la préoccupation première du gouvernement, c'est d'éviter que des groupes étrangers mettent la main sur des établissements en situation de faiblesse, qu'ils soient trop petits (comme la Marseillaise de crédit) ou qu'ils soient trop fragiles (comme le GAN). Car dans ce cas, ces établissements deviendrai