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Libération

«Le Japon traverse les heures les plus sombres de son histoire». La spirale déflationniste inquiète le chef de l'agence de planification économique.

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publié le 12 septembre 1998 à 10h51

Tokyo, de notre correspondante.

Cette fois, l'économie japonaise est bel et bien aux prises avec la déflation, phénomène économique inconnu dans les pays développés depuis les années 20 qui se traduit par un cercle vicieux de baisse des prix entraînant un recul de la production. Sur la période avril-juin, la deuxième économie mondiale a connu trois trimestres consécutifs de croissance négative, du jamais vu depuis la fin de la Dernière Guerre mondiale. Au deuxième trimestre, le Japon a enregistré en effet une contraction de 0,8% de son Produit intérieur brut (PIB) par rapport au trimestre précédent, soit 3,3% en rythme annuel. Le PIB nippon avait déjà reculé de 0,4% entre octobre et décembre 1997 et de 1,3% au premier trimestre 1998.

Loin de vouloir rassurer, comme le faisaient ses prédécesseurs, Taichi Sakaiya, le chef de l'Agence de planification économique gouvernementale, a enfoncé le clou: «Ces chiffres sont bien pires que ce à quoi nous nous attendions.» Commentateur politique connu, auteur de plusieurs ouvrages critiques sur la bureaucratie nippone, ce nouveau venu à la politique a choisi de rompre avec la langue de bois. Depuis quelques semaines déjà, il agite le spectre de la déflation. A ceux qui lui reprochent de saper le moral des Japonais, il rétorque qu'il vaut mieux dire la vérité: «Sur le moment, ça fait mal, mais après on se porte mieux.» Sakaiya a ainsi qualifié d'«impossible à atteindre» l'objectif de croissance de 1,9% retenu officiellement par le gouverne