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Libération

Employés saisonniers à l'année. «On doit suivre, sinon on est débarqué». Georges, 40 ans, passe d'une exploitation à une autre au gré des employeurs.

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publié le 14 septembre 1998 à 9h26

Georges, 40 ans, est un précaire du monde agricole. Payé

généralement au Smic, il enchaîne les contrats saisonniers à longueur d'année. Marié, deux enfants, il s'est installé dans le Lot-et-Garonne il y a une quinzaine d'années. «Taille d'arbres fruitiers, vendanges, ramassage de fruits et légumes: dans les meilleurs cas, je travaille dix ou onze mois par an avec cinq ou six employeurs différents. Je trouve les contrats par bouche à oreille, ou par l'ANPE. En général, je suis embauché pour deux ou trois mois. Mais aujourd'hui, les contrats sont de plus en plus courts: deux ou trois semaines. Les employeurs ciblent beaucoup plus leurs besoins. Désormais, ils embauchent pour ramasser une seule variété de pommes (la golden, la reinette, la gala"). Au bout d'un mois, ils évacuent ceux qui traînent la patte, repèrent les meilleurs éléments, et les réembauchent pour la variété suivante. Avant, on était employé sans interruption pour toute la campagne des pommes. S'il y avait des petits travaux à faire entre deux récoltes, comme la réfection de vergers, on nous gardait. Ça durait six mois. Aujourd'hui, c'est fini.

Morcellement. Au début, je n'ai pas cherché de CDI (contrat à durée indéterminée) car ce système me plaisait. Maintenant j'aimerais me fixer, mais il n'y a plus d'embauches définitives. Les employeurs veulent disposer de la main d'oeuvre quand ils en ont vraiment besoin. Ils morcellent les périodes de travail. En outre, c'est pour eux plus avantageux financièrement: ils on