Chez Peugeot, l'engagement syndical avait, jusqu'à présent, son prix: militer à la CGT ou à la CFDT équivalait souvent à dire adieu à toute promotion. Cela devrait n'être plus qu'un mauvais souvenir. Le 11 septembre, la direction de l'usine mère de Sochaux-Montbéliard (Doubs) a accepté, pour la première fois de son histoire, de reconnaître ses pratiques de discrimination syndicales et de les réparer: l'entreprise rétablit dans la qualification qui devrait être la leur pas moins de 169 militants CGT, mandatés ou non. Ils recevront, par ailleurs, un chèque représentant le manque à gagner sur les douze années précédentes.
Il était temps: la direction, une vingtaine de syndiqués et leur avocat, Me Tiénot Grumbach, avaient rendez-vous vendredi au tribunal sur citation directe. La CGT avait un dossier en béton: depuis un an, elle obtient toujours la condamnation de Peugeot sur la question de la ségrégation syndicale. La dernière date de janvier 1998, lorsque 18 adhérents CGT avaient obtenu gain de cause en cour d'appel, avec des chèques de 30 000 à 80 000 francs chacun à la clé. Symboliquement, c'est d'ailleurs le leader de la CGT Sochaux, Loris Dall'O, qui les leur avait remis.
«Nous étions certains d'être à nouveau condamnés, reconnaît Jean-Louis Silvant (directeur des industries et des relations humaines du groupe), nous avons préféré transiger.» Et même au-delà, puisque, sur ordre de Jean-Martin Folz, le patron du groupe, la négociation ne s'est pas arrêtée aux affaires portées