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Libération

Sergueï, spéculateur à la Bourse de l'espoir. A Moscou, des particuliers jouent leurs derniers roubles.

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publié le 15 septembre 1998 à 9h37

Moscou, envoyé spécial.

Assis bien droit sur sa chaise, Sergueï, un grand blond à l'air timide et sérieux, contemple l'écran géant où s'affichent les cours de la Bourse de Moscou. Ils sont une cinquantaine comme lui, dans cette grande salle au rez-de-chaussée du «Moscow Securities Center», lisant les journaux, notant des colonnes de chiffres sur des calepins, effectuant des opérations sur leurs calculettes, dans un brouhaha de conversations passionnées.

A la périphérie de la ville, le Moscow Securities Center, filiale de la firme de courtage Olma, est le seul endroit de Russie où les particuliers peuvent acheter des actions et jouer en Bourse. Les autres agents de change, souvent des établissements russo-américains, sélectionnent leurs clients en exigeant un dépôt d'au moins 10 000 dollars. Ici, 120 roubles (environ 72 F) suffisent pour ouvrir un compte et s'adonner aux plaisirs ­ et aux risques ­ du boursicotage. Le Moscow Securities Center a vu le jour il y a six ans. Subventionné par la mairie de Moscou, il a commencé à fonctionner réellement il y a un an, lorsque la législation russe a permis aux particuliers d'investir en Bourse sans encourir les foudres du fisc.

Primakov, pétard mouillé. Sergueï, 28 ans, est programmeur en informatique. Il a pris des risques, justement, en plaçant en Bourse ses maigres économies. Il a «beaucoup perdu» à cause de la crise: son petit portefeuille de titres ­ dont il ne souhaite pas donner le montant ­ a dégringolé de 70% depuis le mois de j