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Libération
Interview

La crise financière n'explique pas tout, estime Benjamin Coriat.Au Japon, l'imitation ne paye plus

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publié le 17 septembre 1998 à 9h47

Benjamin Coriat est directeur du CREI (Centre de recherche en

économie industrielle) de l'université Paris XIII. Auteur notamment de Made in France, il vient de publier Made in Japan (1). Cet ouvrage, qui réunit les meilleurs analystes japonais tant universitaires qu'industriels, propose une analyse très sévère de la crise japonaise, en insistant sur ses dimensions structurelles souvent méconnues.

Pourquoi estimez-vous que la crise économique japonaise n'est pas uniquement le résultat de l'éclatement de la bulle spéculative?

Parce que derrière la crise financière, il y a autre chose. C'est toute l'ancienne cohérence du système économique qui est en cours d'épuisement. Même sans la bulle financière et son explosion, le Japon aurait connu de graves difficultés. L'ouverture internationale a brisé toutes les particularités nationales sur lesquelles étaient fondés les succès du pays. Pourtant, le Japon reste un pays économiquement très performant.

Oui, mais il est devenu très vulnérable. En matière d'innovation , les Japonais ont été les champions de l'imitation: ils ont procédé en achetant des brevets étrangers et en important des technologies pour les développer. Ils avaient la faculté, dès lors que tous les matériaux nécessaires étaient disponibles, à fabriquer quelque chose de neuf. Ils ont su exploiter à fond les résultats des systèmes de recherche et développement des Occidentaux. C'est à partir de cette stratégie qu'ils ont été capables de fabriquer des produits compétitifs.