Tokyo, de notre correspondante.
«Je m'excuse profondément pour la chute de notre titre en Bourse provoquée par une certaine presse malintentionnée"» Devant les actionnaires réunis en assemblée générale en juin, Katsunobu Ohnogi, président de la Long Term Credit Bank of Japan (LTCB), esquisse une courbette. Trois mois plus tard, c'est vers l'Etat que les actionnaires devront se tourner pour savoir à quel prix leurs actions vont être reprises. Car pour la première fois depuis la crise des années 20, une banque va être nationalisée au Japon.
Après des semaines d'un suspense qui a failli coûter son fauteuil au Premier ministre Keizo Obuchi, en place seulement depuis la fin juillet, le gouvernement et l'opposition sont tombés d'accord pour ne pas renflouer la LTCB. Celle-ci sera temporairement nationalisée avant que ses actifs sains soient cédés et le reste liquidé. Triste fin pour cet établissement spécialisé dans le financement à long terme et qui a joué un rôle clé dans la reconstruction du Japon. «Pour les marchés, la banque était déjà morte depuis longtemps», lâche un opérateur. De fait, hier à la Bourse de Tokyo, les actions de la LTCB se négociaient à moins de 18 yens, soit 75 centimes.
La disparition de la 10e plus grande banque du pays en dit long sur l'état de décrépitude du système financier. L'agence de notation américaine Standard & Poors estimait cette semaine que les créances douteuses supportées par le système bancaire totalisaient" 30% du produit intérieur brut! Un