Si les Britanniques continuent à pester avec dégoût contre l'euro,
ils se sont visiblement fait à l'idée qu'ils finiront par l'adopter. En témoigne la panique dont a brutalement été saisi cette semaine le Royaume. Soudain, la classe politique et les médias ont découvert avec horreur que les traits de la Reine ne figureraient pas sur les billets en euro! Le parti conservateur se déchaîne sur le sujet.
Les journaux eurosceptiques s'offusquent: «Queen's Head Banned from Euro Notes» («Le visage de la reine bannie des billets en euros») titrait ainsi hier Le Times en une. Le chancelier de l'Echiquier, Gordon Brown, est lui aussi courroucé et pourrait aborder le sujet ce week-end à Vienne, lors de la réunion des ministres des Finances des Quinze.
Cette découverte collective est un peu curieuse. Cela fait un bon moment que les banques centrales ont décidé discrètement, il est vrai de ne pas faire figurer de «signes nationaux» sur les billets. Libération l'avait révélé le 26 novembre 1997. A l'époque, les brochures d'information officielles signalaient déjà que «les deux faces de ces billets seront communes à l'ensemble des pays, sans aucun signe national distinctif». La décision a été officiellement prise par le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, à Francfort, le 11 septembre. Mais il ne s'agissait que d'une formalité. Lors de la conférence de presse qui a suivi le conseil, aucun des journalistes n'a sursauté, pas même les Britanniques.
Londres a toutefois des