La Fed, la banque centrale américaine, vole au secours d'un des plus
célèbres fonds spéculatifs du pays. Taraudés par la crainte de voir s'effondrer le Long-Term Capital Management, un hedge fund (1) très flamboyant jusqu'au déclenchement de la crise asiatique, les responsables de la Fed ont réuni en hâte le ban et l'arrière-ban de la finance mondiale. Au final, LTCM se retrouve avec une troupe de solides parrains et marraines. Goldman Sachs, Merrill Lynch, Morgan Stanley Dean Witter, Travelers Group et la banque suisse UBS vont constituer un comité de contrôle pour surveiller le pilotage du navire en perdition. De plus, un consortium d'une vingtaine de groupes financiers va renflouer le fonds en lui apportant 3,5 milliards de dollars de capital (environ 21 milliards de francs).
Clients fortunés. Une telle sollicitude pour un établissement dont la mission est de faire gagner un maximum d'argent à des gens fortunés, en prenant de très gros risques sur les marchés, peut surprendre. D'autant que la Fed n'est pas chargée de surveiller ce genre de boutique, qui ne se voit imposer aucune contrainte en matière de fonds propres ou de diversification des risques. Ces clients-là savent qu'ils peuvent gagner beaucoup: les investissements affichaient un rendement net de frais de gestion de 42,8% en 1995, de 40,8% en 1996 et de «seulement» 17,1% en 1997 (début de la crise asiatique). La contrepartie, c'est qu'ils peuvent perdre dans les même proportions: début septembre, la gamelle éta