«Une pure formalité», pensaient Piotr Nowicki et son employeur,
Philippe Blanchard, en demandant au ministère de l'Emploi une autorisation de travail pour Piotr: après onze ans à Paris et autant d'études, le jeune Polonais est en ce début d'année un des rares hyperspécialistes de la création de sites web. Quand le refus est arrivé, ils ont cru que c'était une erreur. Et se sont retrouvés en plein vaudeville high-tech: d'un côté la jeune entreprise de Philippe, amputée d'un technicien haut de gamme et incapable de lui trouver un remplaçant; de l'autre, le ministère, qui prétend avoir près de 5 000 postulants français à ce genre de travail et l'ANPE ignorant jusqu'au simple mot de multimédia.
Spécialiste. Janvier 1998. Piotr Nowicki cherche un contrat à durée indéterminée. Ça tombe bien. Depuis quelques mois, il travaille comme vacataire chez Digipresse, créée par Philippe Blanchard et spécialisée en journaux électroniques. La boîte est jeune et Piotr y assure toute la partie technique, c'est-à-dire la création des sites Internet sur lesquels Digipresse édite ses journaux. Il ne ménage pas son temps, a déjà investi lui-même dans l'Internet et devient vite indispensable.
Pour le CDI, Piotr et Philippe s'adressent à la Direction départementale du travail, qui dépend du ministère de l'Emploi, afin d'obtenir l'autorisation de travail et, par ce biais, la régularisation de Piotr. Depuis quelques mois, le jeune homme n'a plus de titre de séjour étudiant et se contente des récépissés q